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8 Décembre - J-17
La chambre de Léo était plongée dans le noir, à l’exception de l’hologramme bleuté qui flottait au-dessus de son bureau. N.O.I.S.E.T., perché sur une pile de livres, ajustait les dernières variables de sa triangulation. Après des heures de calcul, l’hologramme cessa de vaciller et projeta une carte 3D de Mont-Sapin, avec un unique point rouge clignotant au cœur de la ville.
« Triangulation terminée, » annonça la voix synthétique du robot-lutin. « Source d’émission localisée avec une précision de 99,8%. L’antenne du Syndicat du Charbon se trouve sur le toit du plus grand magasin de jouets de la ville : ‘Au Rêve du Lutin’. »
Léo, avachi sur sa chaise, se redressa d’un bond. « Le magasin de jouets ? Mais… c’est le meilleur endroit de toute la ville ! Pourquoi est-ce que le Dr. Givre s’installerait là ? »
« C’est une couverture idéale, » analysa N.O.I.S.E.T. « Un lieu de forte activité diurne, associé à la joie de Noël, détournant tout soupçon. Une infiltration est nécessaire. Immédiatement. »
« Maintenant ? Mais il est dix heures du soir ! Le magasin est fermé, et il y a des gardes ! »
« Les conditions sont optimales. Moins de témoins civils. Votre mission : vous infiltrer, localiser l’émetteur et le neutraliser si possible. L’échec n’est pas une option. »
Une heure plus tard, après s’être assuré que ses parents dormaient profondément, Léo enfilait son sweat-shirt, attrapait son sac à dos high-tech, et glissait silencieusement par la fenêtre. Le froid de la nuit le saisit, mais l’adrénaline le réchauffa instantanément. Il se déplaça dans les rues désertes de Mont-Sapin, ses pas étouffés par la neige fraîche.
‘Au Rêve du Lutin’ se dressait devant lui comme un géant endormi. Ses immenses vitrines, habituellement si joyeuses et animées, étaient sombres, ne laissant filtrer que de faibles veilleuses de sécurité. Les automates et les jouets à l’intérieur étaient figés dans des poses étranges, leurs sourires peints semblant presque menaçants dans l’obscurité.
« Point d’entrée optimal : le toit. Accès via les conduits de ventilation, » ordonna N.O.I.S.E.T., sa petite tête sortant de l’ouverture du sac à dos de Léo.
Léo sortit son Grappin Sucre d’Orge. Cette fois, il était plus confiant. Il visa la corniche en fer forgé qui surplombait une ruelle sombre. Il tira. Le grappin s’envola et s’accrocha solidement. D’une pression sur un bouton, le mécanisme de rétractation l’emporta vers le haut dans un sifflement silencieux. Il atterrit sur le toit plat et enneigé, tel un vrai pro.
Il trouva facilement une trappe de maintenance, dont le verrou céda avec un petit clic grâce à un des gadgets de N.O.I.S.E.T. Léo se glissa à l’intérieur et descendit une échelle de service, pour finalement déboucher sur une passerelle métallique surplombant l’étage principal du magasin.
Le silence était total, impressionnant. L’endroit, qui grouillait d’enfants et de musique pendant la journée, était maintenant un mausolée de jouets. Des ombres démesurées s’étiraient des piles de boîtes de jeux et des peluches géantes.
« Signatures thermiques détectées, » chuchota N.O.I.S.E.T. « Deux gardes, en patrouille au rez-de-chaussée. Déplacez-vous sans bruit. »
Léo descendit de la passerelle et se retrouva au milieu de l’allée des jeux de société. Au loin, il vit le faisceau d’une lampe de poche balayer les rayons. Son cœur se serra. Il se faufila derrière une pyramide de boîtes de ‘Monopoly édition Mont-Sapin’ et retint sa respiration. Un des veilleurs de nuit passa à quelques mètres de lui, fredonnant un air de Noël d’une voix fatiguée. La lumière de sa torche caressa la pile de boîtes avant de continuer son chemin. Léo attendit que le bruit des pas s’éloigne avant d’oser respirer à nouveau.
« Le signal est plus fort vers l’atrium central, » le guida son partenaire mécanique.
Naviguant d’ombre en ombre, rampant sous les tables de présentation des trains électriques et se faufilant entre des ours en peluche plus grands que lui, Léo atteignit le cœur du magasin. C’était un immense espace ouvert sur trois étages. Au centre, trônait la pièce maîtresse des décorations de Noël : une scène gigantesque avec un Père Noël animatronique assis sur un trône doré, entouré de rennes et d’elfes mécaniques, tous immobiles. Le signal de N.O.I.S.E.T. devint un bip continu.
« La source est ici. Très proche. »
Léo leva les yeux vers le Père Noël géant. L’automate était figé, un bras levé pour saluer une foule invisible, son sourire peint semblant figé et vide. Une petite lumière rouge, à peine perceptible, clignotait discrètement au niveau de la boucle de sa ceinture. L’antenne était cachée là. Le Dr. Givre avait transformé le symbole même de la joie de Noël en son propre relais de communication. Et pour Léo, la situation était claire : il allait devoir grimper sur les genoux du Père Noël le plus effrayant du monde.
