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13 DÉCEMBRE - 11 jours avant Noël
Le froid mordant n’était rien comparé au frisson glacial qui parcourait Léo depuis la veille. Le visage du Dr. Givre, son sourire condescendant, était gravé dans sa mémoire. Pour tenter de chasser ces pensées, il avait accepté de rejoindre son meilleur ami, Tom, à la grande patinoire installée sur la place de l’Hôtel de Ville.
« Alerte. Protocole de discrétion niveau sept. S’exposer publiquement après avoir été identifié par l’ennemi est une infraction à l’article 34 du manuel de l’agent de terrain », grésilla une voix dans son oreillette. C’était N.O.I.S.E.T., bien au chaud dans le sac à dos.
« Je sais, je sais », murmura Léo en ajustant ses patins de location. « Mais si je reste enfermé dans ma chambre, mes parents vont trouver ça encore plus suspect. Et puis, je suis avec Tom, ça fait une bonne couverture. »
La patinoire scintillait sous les projecteurs colorés, pleine de familles et de couples qui glissaient au rythme des chants de Noël. Au centre, un immense sapin décoré touchait presque le ciel étoilé. L’ambiance était à la joie, mais Léo ne pouvait s’empêcher de scanner la foule, nerveux.
Soudain, il les vit. Trois hommes, postés aux différents points d’accès de la patinoire. Ils ne patinaient pas. Ils observaient. Tous portaient des costumes noirs impeccables, des lunettes de soleil malgré la nuit tombée, et une oreillette identique. Leur carrure massive et leur immobilité tranchaient brutalement avec l’agitation festive ambiante.
« N.O.I.S.E.T., tu vois ce que je vois ? » chuchota Léo.
« Affirmation. Cibles multiples, non identifiées. Posture agressive. Probabilité d’hostilité : 98.7%. Ce sont les lieutenants du Dr. Givre. Le gang des ‘Casse-Noisettes’, sans aucun doute. »
Léo sentit son estomac se nouer. Il se tourna vers Tom. « Hé, Tom, je crois que j’ai oublié un truc au vestiaire. Va faire un tour, je te rejoins tout de suite ! »
Avant que Tom ne puisse répondre, Léo le poussa gentiment dans la direction opposée. Au même moment, les trois hommes chaussèrent des patins avec une rapidité déconcertante et s’élancèrent sur la glace, convergeant vers lui.
La poursuite commença. Léo, skateur émérite, avait un bon équilibre, mais ces hommes étaient d’une efficacité terrifiante sur la glace. Ils fendaient la foule sans se soucier des gens qu’ils bousculaient, leurs lames traçant des sillons nets dans la surface gelée. Ils se déplaçaient en formation, cherchant à l’encercler.
« Ils sont trop rapides ! » haleta Léo en esquivant de justesse une petite fille.
« Déploiement du gadget ‘Patins-Boosters 2.0’ », annonça N.O.I.S.E.T. « Visez les talons de vos patins de location. »
Deux petits modules s’éjectèrent du sac à dos de Léo. D’un mouvement agile, il les attrapa en plein vol et les clipa à l’arrière de ses patins. Aussitôt, une lueur bleutée jaillit et une puissante poussée le projeta en avant.
« WHOA ! »
Il fila comme une comète, laissant les Casse-Noisettes momentanément derrière lui. Il zigzaguait entre les patineurs effarés, un sillage de panique et d’exclamations dans son sillage. La course-poursuite se transforma en un ballet chaotique et dangereux. Les hommes en noir, furieux, redoublèrent d’efforts, leur patinage devenant plus brutal, plus direct.
L’un d’eux se rapprocha dangereusement, le bras tendu pour l’attraper. Léo, pensant vite, se laissa tomber en arrière, glissant sur le dos sous le bras de son poursuivant avant de se rétablir grâce à une impulsion de ses boosters.
Il se dirigeait maintenant droit vers le grand sapin. Il était presque coincé.
« Le Grappin Sucre d’Orge ! Maintenant ! » cria-t-il.
Le gadget familier sortit de son sac. Léo le dégaina, visa une branche épaisse du sapin et tira. Le crochet s’enroula solidement. Serrant la poignée, il fut soulevé de la glace juste au moment où les trois Casse-Noisettes arrivaient pour le percuter. Il passa au-dessus de leurs têtes dans un arc de cercle spectaculaire, les lumières des guirlandes filant autour de lui.
Il atterrit de l’autre côté de la patinoire, près de la sortie. Sans perdre une seconde, il déchaussa ses patins boostés, les jeta dans un buisson et se mit à courir, disparaissant dans les ruelles sombres de Mont-Sapin.
À bout de souffle, caché derrière une poubelle, il regarda les hommes en noir, frustrés, abandonner la poursuite. La menace était passée, pour l’instant. Mais le message était clair : Dr. Givre ne bluffait pas. Il n’était plus seulement un espion malgré lui. Il était une cible.
