23 DÉCEMBRE - La veille de Noël

Le jour se leva sur la maison la plus silencieuse de Mont-Sapin. Dans la chambre de Léo, le lit était vide, la fenêtre entrouverte laissait entrer un courant d’air glacial. En bas, une tasse de thé non bue reposait sur la table. La panique monta rapidement. Les appels à Tom, aux amis, puis à la police. Léo était officiellement porté disparu. Pendant que ses parents, le visage ravagé par l’angoisse, parcouraient en voiture les rues enneigées de la ville en criant son nom, Léo les observait depuis le toit d’une boutique. Chaque appel désespéré de sa mère était une lame qui lui transperçait le cœur. Il serra les poings, la culpabilité se mêlant à une résolution d’acier. Il devait finir ça. Pour eux.

La nuit tomba, dense et lourde. Le vortex au sommet de la tour de l’horloge pulsait désormais comme un phare démoniaque, visible de toute la ville. C’était l’heure.

Léo s’élança sur son snowboard, filant sur les toits dans un silence presque parfait. Il atteignit la base de la tour, utilisant son grappin pour se hisser le long des murs froids, évitant les patrouilles des Casse-Noisettes. Il s’infiltra par un vitrail derrière le gigantesque cadran de l’horloge, atterrissant sans un bruit dans la salle des machines.

L’endroit était un cauchemar mécanique. Des engrenages géants tournaient avec un grincement sinistre, des câbles épais comme des pythons pulsaient d’une énergie verdâtre. Et au centre, suspendu entre des arcs électriques, le cœur de la machine du Dr. Givre : le Siphon d’Esprit Festif, un vortex d’énergie noire qui dévorait la lumière.

« Je vous attendais, Agent Léo », retentit une voix calme et glaciale. Le Dr. Givre se tenait sur une passerelle supérieure, les mains derrière le dos, son manteau sombre flottant autour de lui. « Ou devrais-je dire, juste Léo. Votre fugue a causé bien du souci à vos parents. »

La provocation frappa Léo, mais il ne la laissa pas paraître. « C’est fini, Givre. »
« Au contraire », répondit le docteur avec un sourire fin. « Ça ne fait que commencer. »

Le duel s’engagea. Givre, depuis sa console, activa les défenses de la tour. Des bras mécaniques sortirent des murs, des plateformes se dérobèrent. Léo, agile sur son skateboard, esquiva, sauta, glissa le long des rampes et des poutres. Il n’essayait pas d’atteindre Givre, mais le régulateur principal de la machine, une sphère brillante située sous le vortex.

« Votre persistance est admirable, mais futile ! » lança Givre en activant une surcharge.

Un rayon d’énergie pure se forma, visant Léo. Il l’esquiva de justesse, mais se retrouva coincé sur une petite plateforme, sans issue. Givre redirigea le canon principal de sa machine vers lui, une quantité terrifiante d’énergie s’accumulant à son extrémité.
« Adieu, petit grain de sable dans mon engrenage parfait. »

Le rayon partit, un torrent de lumière verte destructrice. Léo ferma les yeux, s’attendant à l’impact.

Mais il ne vint pas. Il entendit un petit clic métallique. Il rouvrit les yeux. Devant lui, flottant dans les airs, se tenait N.O.I.S.E.T. Le petit robot-lutin avait sauté de son sac. Un bouclier d’énergie hexagonal, d’un bleu éclatant, s’était déployé autour de lui, interceptant le rayon mortel.

« N.O.I.S.E.T. ! Non ! » cria Léo.

« Protocole Final : Sauvegarde de l’Atout Majeur », dit la voix du robot, calme et sans inflexion malgré le vacarme assourdissant. « L’intégrité de la mission prime. »

Le bouclier se fissura. N.O.I.S.E.T. commença à scintiller, son corps de bois se craquelant sous la pression. Le Dr. Givre, surpris, augmenta la puissance.
« Agent Léo… » La voix de N.O.I.S.E.T. grésilla, se déformant. « C’était un honneur. »

Le bouclier explosa dans un flash de lumière blanche qui illumina toute la tour. L’onde de choc projeta Léo en arrière. Quand il put de nouveau voir, le rayon s’était dissipé. Il n’y avait plus rien. Juste un petit chapeau de casse-noisette en bois, noirci et fissuré, qui tomba en tournoyant pour atterrir doucement sur la plateforme métallique.

Léo resta à genoux, le souffle coupé. Son partenaire, son ami grincheux mais loyal, était parti. Une tristesse infinie le submergea, rapidement balayée par une vague de fureur froide. Il ramassa le petit chapeau, le serra dans son poing. Il releva la tête, et son regard croisa celui de Givre. Il n’y avait plus de peur dans ses yeux. Seulement une promesse.