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Léa et le Secret du Ticket Oublié
Dans le tiroir douillet de la commode de Papy, vivait Léa, une adorable chaussette rayée de rouge et de blanc. Elle n’était jamais seule, car elle avait un jumeau, Léo, avec des rayures identiques. Mais Léa avait un secret un peu bizarre pour une chaussette : elle était morte de vertige. La simple idée d’être suspendue à l’étendoir à linge lui donnait des frissons dans les coutures.
Un jour, une terrible tempête nommée “Grande Lessive” les emporta. Quand le tourbillon du lave-linge cessa, Léa se réveilla seule, abandonnée sur le carrelage froid de la buanderie. Léo avait disparu !
« Léo ! Où es-tu ? » cria-t-elle.
Pas de réponse. Seul l’écho de sa petite voix lui répondit.
Déterminée, Léa décida de partir à l’aventure dans l’immense maison de Papy. Pour une petite chaussette, le sol était un désert infini, et les pieds de table des gratte-ciels menaçants. En rampant sous un fauteuil, dans une forêt de moutons de poussière, elle trouva un petit rectangle de papier cartonné. C’était un vieux ticket de bus. Curieuse, elle le ramassa.
Son exploration la mena devant un obstacle terrifiant : l’Escalier des Géants, qui montait vers l’étage. Léa savait que Léo, qui adorait les hauteurs, avait pu vouloir l’escalader. Mais en levant la tête, tout se mit à tourner. Ses belles rayures rouges semblaient se tordre.
« Je… je ne peux pas, » murmura-t-elle, le fil tout tremblant.
La peur se transforma en colère. « C’est ridicule ! » se gronda-t-elle. « Je suis une chaussette, pas une poule mouillée ! Je vais y arriver ! »
Pleine de rage contre sa propre peur, elle tenta de grimper la première marche en s’élançant. Mais sa colère la rendit maladroite. Elle glissa sur le bois lisse et dégringola, s’emmêlant dans ses propres fils.
Assise en bas de l’escalier, triste et découragée, elle pleura une petite goutte d’assouplissant. « La colère ne m’a menée nulle part… à part en bas, » soupira-t-elle.
C’est alors qu’elle sentit le ticket de bus dans son ourlet. En le regardant, elle pensa très fort à Léo. « Si seulement je savais ce qui t’est arrivé… »
Soudain, le ticket se mit à briller d’une douce lumière dorée ! Une image floue apparut à sa surface, comme un petit film. Léa vit Papy, un grand sourire aux lèvres, qui utilisait Léo comme une marionnette pour faire coucou au chat par la fenêtre du salon. Puis, dans un geste un peu trop enthousiaste, Papy avait projeté Léo par-dessus le canapé !
« Le salon ! Il n’est pas monté, il est tombé derrière le canapé ! » s’exclama Léa.
Oubliant l’escalier, elle courut – ou plutôt se tortilla – jusqu’au salon. Le canapé était une montagne de velours. Avec courage, elle se faufila dans l’espace sombre et étroit derrière le meuble. Et là, blotti contre un vieux journal, se trouvait Léo !
« Léa ! Je croyais que tu étais perdue à jamais ! » cria Léo, fou de joie.
« Je t’ai retrouvée grâce à ma ruse… et à un ticket de bus magique ! » répondit fièrement Léa.
Elle lui raconta son aventure, sa peur de l’escalier et comment sa colère l’avait fait tomber. Léo l’écouta attentivement.
« Tu vois, » dit Léa en le regardant. « S’énerver ne sert à rien. Il valait mieux réfléchir. »
Pour rentrer dans leur tiroir, ils eurent une idée de génie. Ils attendirent que Papy s’assoie pour lire son journal et grimpèrent sur sa pantoufle. Hop ! Le taxi le plus confortable du monde les ramena directement dans la chambre.
Ce soir-là, blottis l’un contre l’autre, Léa et Léo se sentaient plus grands. Léa avait toujours le vertige, mais elle avait appris quelque chose de bien plus important : ce n’est pas la force ou la colère qui font les vrais héros, mais le courage d’être astucieux quand on a peur. Et parfois, le plus grand des voyages consiste simplement à retrouver celui qu’on aime.

