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Le Nuage qui avait le vertige
Dans le grand ciel bleu, il y avait toutes sortes de nuages. Des gros nuages blancs et costauds, les Cumulus, qui aimaient faire la course. Des nuages fins et élégants, les Cirrus, qui ressemblaient à des plumes d’oiseau. Et puis il y avait Nimbus.
Nimbus était un petit nuage tout doux, tout rond et tout blanc. Il était très gentil, mais il avait un secret : il avait le vertige.
Dès qu’il montait un peu trop haut, tout son coton se mettait à trembler, sa tête tournait comme une toupie et il avait l’impression qu’il allait tomber… même si un nuage ne peut pas vraiment tomber.
Alors, pendant que ses amis s’amusaient à chatouiller le sommet des montagnes, Nimbus préférait flotter juste au-dessus de la cime des arbres.
« Allez, Nimbus ! Monte avec nous ! » criaient les frères Cumulus, qui jouaient à cache-cache avec le soleil.
« Non merci, je… je surveille les fourmis, c’est très intéressant ! » répondait Nimbus en rougissant un peu.
Un jour, un vent messager apporta une grande nouvelle : « Le Grand Rassemblement des Nuages aura lieu dans trois jours, au point le plus haut du ciel, pour admirer le coucher de soleil sur le monde entier ! »
Tous les nuages se mirent à crier de joie. Tous, sauf Nimbus. Son cœur de vapeur se serra. Le point le plus haut du ciel ? C’était son pire cauchemar ! Mais il voulait tellement y aller, voir ce spectacle magique et être avec ses amis.
Le premier jour, il essaya de s’entraîner. Il prit une grande inspiration et commença à monter, monter, monter… Mais quand il regarda en bas, il vit la forêt devenir toute petite. Son vertige revint d’un coup. Vite ! Il redescendit se cacher derrière une colline, tout penaud.
Le deuxième jour, alors qu’il flottait tristement près d’un grand chêne, il entendit une petite voix.
« Bonjour, petit nuage. Pourquoi as-tu l’air si gris ? »
C’était Élia, une hirondelle rapide comme l’éclair. Elle volait en cercles joyeux autour de lui. Nimbus, honteux, lui raconta son secret.
Élia ne se moqua pas. Elle pencha sa petite tête et dit : « Le vertige ? Je comprends. Parfois, quand je plonge très vite, mon cœur bat la chamade. Mais j’ai une idée. Et si on montait ensemble, petit à petit ? »
Nimbus hésita, puis accepta.
« D’accord, » dit l’hirondelle. « Règle numéro un : ne regarde pas en bas. Regarde-moi ! »
Élia s’envola un peu plus haut que d’habitude pour Nimbus. Elle volait autour de lui, lui racontant ce qu’elle voyait au loin : un champ de tournesols dorés, un renard qui faisait une sieste. Nimbus était si concentré sur Élia et ses histoires qu’il oublia sa peur. Ils étaient montés jusqu’au-dessus de la colline sans qu’il s’en rende compte !
Le lendemain, c’était le grand jour. Nimbus tremblait un peu, mais Élia était là. « On y va, mon ami ? Pas à pas, ou plutôt… bouffée par bouffée ! »
Ils commencèrent leur ascension. Les frères Cumulus les dépassèrent en trombe. « Courage, Nimbus ! » crièrent-ils, cette fois avec gentillesse.
Nimbus sentit la peur revenir. Il ferma les yeux.
« Ouvre-les, Nimbus ! » chanta Élia. « Et regarde devant toi. Regarde comme c’est beau ! »
Nimbus obéit. Devant lui, le ciel changeait de couleur. Il passait du bleu clair à l’orange, puis au rose et au violet. C’était la plus belle chose qu’il n’ait jamais vue. Élia volait à ses côtés, un petit point noir rassurant dans cette immensité colorée.
Et soudain, ils y étaient. Tout en haut. Nimbus flottait au milieu de tous les autres nuages, émerveillés. En bas, le monde ressemblait à une carte au trésor, avec ses rivières scintillantes et ses forêts sombres. Il n’avait même plus peur. Il se sentait léger, non pas de vertige, mais de joie.
Un vieux nuage Cirrus, sage et tout fin, s’approcha de lui. « Bienvenue, jeune Nimbus. La plus belle vue est toujours celle que l’on a conquise. »
Ce soir-là, Nimbus ne se contenta pas d’admirer le coucher de soleil. Il joua avec les autres nuages, dansant dans les derniers rayons dorés.
Depuis ce jour, Nimbus n’eut plus jamais vraiment le vertige. Il aimait toujours flotter près des arbres pour discuter avec son amie l’hirondelle, mais maintenant, il savait qu’il pouvait aussi s’envoler très haut et toucher les étoiles. Car il avait appris que même la plus grande peur peut devenir toute petite quand on a un ami pour nous aider à prendre de la hauteur.

