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Le Pingouin Perché et la Glissade en Réglisse
Miro était un pingouin au cœur tendre comme de la guimauve. Tellement tendre qu’il avait un gros problème : il ne savait pas dire non. Alors, quand Barnabé l’écureuil lui avait demandé de garder sa cabane dans l’arbre le temps d’un week-end, Miro avait accepté avec un grand sourire.
Le problème, c’est que la cabane était perchée tout en haut d’un chêne-caramel, et que Miro… eh bien, c’était un pingouin. Les pingouins sont champions de glissade sur la banquise, mais pour ce qui est de grimper ou de descendre des arbres, c’est une autre histoire.
Voilà donc Miro, coincé dans la plus délicieuse des prisons. Les murs étaient en pain d’épice, les fenêtres en sucre coulé et le toit couvert de smarties multicolores. Une odeur de cannelle et de chocolat flottait dans l’air. C’était merveilleux, mais Miro commençait à s’inquiéter. Comment allait-il redescendre ? Il se dandina jusqu’au balcon en nougatine et regarda en bas. Le sol, recouvert d’une mousse verte à la pistache, semblait bien trop loin.
Soudain, un battement d’ailes rapide comme l’éclair fit vibrer l’air. C’était Papillote, une abeille-papillon aux ailes de papier de bonbon, aussi vive qu’un sorbet au citron.
« Salut toi ! » lança-t-elle en virevoltant. « Tu as l’air un peu… coincé. Tout va bien ? »
Miro, qui détestait déranger, se força à sourire.
« Oh, oui, oui ! Parfaitement bien ! » répondit-il. « Je profite juste de la vue… chocolatée. »
À peine eut-il prononcé ces mots qu’une étrange sensation le parcourut. Guili-guili-guili ! Sa poche se mit à le chatouiller terriblement. C’était sa montre à gousset, un cadeau de son grand-père. Une montre magique qui ne supportait pas les mensonges. Miro éclata d’un rire incontrôlable.
« Hi hi hi ! Arrête… ha ha ha ! »
Papillote plissa ses grands yeux brillants. « Ta poche te fait des chatouilles ? C’est bizarre, ça. Tu es sûr que tout va bien ? »
Vaincu par les chatouilles, Miro sortit la montre de sa poche. Le petit cadran en sucre d’orge brillait. Il soupira.
« D’accord, tu as gagné, petite montre. Non, Papillote, ça ne va pas du tout. Je suis un pingouin, je ne sais pas descendre des arbres et je suis coincé ici parce que je n’ai pas osé dire non à Barnabé ! »
Papillote s’arrêta de voler et se posa sur une rambarde en sucre d’orge.
« Ah, je vois ! Tu n’as pas communiqué ton problème ! » dit-elle sagement. « Ne t’en fais pas, on va trouver une solution. À deux, c’est toujours plus facile. »
Miro la regarda, plein d’espoir. « Mais comment ? Tu es trop petite pour me porter et je suis trop lourd pour voler. »
Papillote fit le tour de la cabane en bourdonnant. « Hmmm… Tu es un champion de la glisse, non ? Et si on te construisait une piste de glisse géante ? »
L’idée illumina le visage de Miro. C’était génial ! Mais avec quoi ?
« Communiquons ! » s’exclama Papillote. « Toi, dis-moi ce qu’il faut pour une bonne glissade. Moi, je trouverai les matériaux. »
« Il faut que ça soit long, lisse et un peu souple ! » expliqua Miro, tout excité.
« Parfait ! »
Papillote s’envola et revint quelques minutes plus tard, suivie par une armée de fourmis qui transportaient de longs et solides fils de réglisse. Ensemble, sous les instructions expertes de Miro, ils tressèrent les fils de réglisse pour former une longue rampe noire et brillante. Avec de la sève de caramel collante, ils la fixèrent solidement au balcon en nougatine et la déroulèrent jusqu’à un énorme champignon en marshmallow qui poussait au pied de l’arbre.
« C’est prêt ! » cria Papillote.
Le cœur battant, Miro prit son élan. Il se jeta sur le ventre et… ZOUUUUU ! Il dévala la rampe de réglisse à toute vitesse, le vent sifflant dans ses plumes. C’était la plus belle glissade de sa vie, encore meilleure que sur la glace ! Il atterrit en douceur avec un « PLOUF » moelleux sur le champignon en marshmallow.
Il était libre !
Papillote le rejoignit, tout heureuse.
« Alors, tu vois ? » dit-elle. « Quand on communique, même un pingouin peut descendre d’un arbre ! »
Miro sourit, reconnaissant. Il sortit sa montre à gousset et lui fit un petit bisou. Grâce à elle, et à sa nouvelle amie, il avait appris une leçon très importante.
Juste à ce moment, Barnabé l’écureuil revint.
« Miro ! Voudrais-tu garder ma collection de noisettes en chocolat pour moi la semaine prochaine ? »
Miro prit une grande inspiration, regarda Papillote qui lui fit un clin d’œil, et répondit avec un grand sourire :
« J’adorerais, Barnabé ! Mais seulement si tu m’aides à tout descendre après. D’accord ? »
Barnabé parut surpris, puis il éclata de rire. « Bien sûr, mon ami ! C’est promis ! »
Ce jour-là, Miro comprit que dire ce qu’on ressent n’était pas un problème, mais la clé qui ouvrait la porte à toutes les solutions, et surtout, à l’amitié.

