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Nova et le chagrin du dragon chocolaté

Nova était une petite fée dont les ailes scintillaient comme du sucre pétillant. Elle vivait dans un endroit très confortable : une grande armoire à vêtements. Mais ce n’était pas une armoire ordinaire. Oh, non ! Les pulls y étaient tricotés en laine de barbe à papa, les foulards étaient tissés en soie de réglisse et les montagnes de chaussettes sentaient bon la gaufrette à la vanille.

Malgré toutes ces merveilles, Nova se sentait terriblement seule. Elle était la seule fée de l’armoire, et les chemises en pâte d’amande n’étaient pas de très bonnes camarades de jeu. Son seul trésor était une plume d’oiseau-chantilly, douce et blanche. Elle ne savait pas d’où elle venait, mais elle l’aimait plus que tout.

Un jour, la solitude devint si lourde qu’elle ressemblait à une guimauve géante posée sur son cœur. « Ça suffit ! » se dit Nova avec courage. « Il doit bien y avoir quelqu’un d’autre au fond de cette armoire ! »

Elle s’envola, dépassant la forêt de ceintures en cuir de caramel et les collines de pantalons en velours côtelé. Plus elle avançait, plus l’air devenait sombre et sentait fort le cacao amer. Elle arriva devant une grotte sombre, formée par un vieux manteau de fourrure oublié. De l’intérieur s’échappait un grondement terrible.

« GRRRROOONNNCHHH ! »

Nova faillit faire demi-tour. Son petit cœur battait comme un tambour en nougat. Mais la pensée de rester seule pour toujours était encore plus effrayante. Elle serra sa plume contre elle et murmura d’une toute petite voix :
« H-hum… Il y a quelqu’un ? »

Pour se donner du courage, elle se mit à chanter. C’était une chanson douce et un peu triste qu’elle fredonnait souvent quand elle se sentait seule. Aussitôt, la plume qu’elle tenait dans sa main se mit à briller. Une lueur chaude et dorée, comme un soleil au miel, illumina la grotte.

Et là, au milieu de la caverne, Nova découvrit la source du bruit. Ce n’était pas un monstre poilu, mais une créature immense faite de chocolat noir, avec des écailles en pépites de sucre et des cornes en bâtons de cannelle. Un dragon ! Et ce dragon… pleurait. De grosses larmes de caramel coulaient sur ses joues en chocolat.

Le dragon, surpris par la lumière, cilla de ses grands yeux. « Qui… qui est là ? » demanda-t-il d’une voix qui grondait encore, mais en tremblant.

« C’est moi, Nova, » dit la fée, s’approchant doucement. Sa peur avait disparu, remplacée par de la curiosité. « Pourquoi pleurez-vous, monsieur le Dragon ? »

Le dragon renifla, ce qui fit trembler une stalactite de sucre candi.
« Parce que… parce que tout le monde a peur de moi ! » gémit-il. « Je grogne parce que je suis triste, et plus je grogne, plus ils ont peur ! Je m’appelle Croc’Choco, et je suis aussi seul qu’un biscuit sans lait. »

Nova sourit. Elle continua de chanter, et sa plume brillait de plus en plus fort. La lumière douce calmait le grand dragon.
« Vous aimez ma chanson ? » demanda-t-elle.
« Oh, oui ! » répondit Croc’Choco. « C’est la plus belle lumière que j’aie jamais vue. J’ai toujours eu un peu peur du noir… »

Nova éclata d’un rire cristallin. Un dragon en chocolat qui avait peur du noir !
« Eh bien, moi, j’avais peur de vous ! » dit-elle. « Mais vous n’êtes pas effrayant du tout. Vous êtes juste un grand cœur en chocolat un peu triste. »

Elle lui proposa : « Si vous voulez, je peux chanter pour vous tous les jours. Et vous, vous pourrez me raconter des histoires de dragons. On ne sera plus jamais seuls. »

Le visage de Croc’Choco s’illumina, bien plus fort que la plume. Pour la première fois, il ne grogna pas, il sourit. Un immense sourire qui sentait bon le chocolat chaud.

Nova était retournée à son point de départ, mais tout avait changé. Elle n’était plus seule. Accompagnée de son nouvel ami, le grand dragon au cœur fondant, l’armoire semblait mille fois plus joyeuse et gourmande. Elle avait appris la plus douce des leçons : parfois, les apparences les plus grognonnes cachent les cœurs les plus sucrés.