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Phébus, le Fantôme qui avait Peur du Noir

Il était une fois, sur la planète la plus douce de toute la galaxie, un petit fantôme nommé Phébus. Cette planète, c’était Guimauve, un monde merveilleux où le sol rebondissait comme un trampoline, où les arbres en réglisse se tordaient vers un ciel couleur barbapapa et où les rivières de caramel coulaient paresseusement. Phébus adorait faire des bonds sur les collines moelleuses, mais il avait un secret un peu honteux pour un fantôme : il avait une peur terrible du noir. Chaque soir, quand les trois soleils-sirop de Guimauve se couchaient, son petit corps transparent se mettait à trembloter et il serrait contre lui sa luciole de compagnie, Lulu, qui lui servait de veilleuse.

Son plus grand rêve était de quitter Guimauve pour une planète où il ferait jour pour toujours. Et pour cela, il possédait un trésor inestimable : un ticket de bus doré, magique, capable de l’emmener absolument n’importe où dans l’univers. Un matin, alors qu’il admirait son précieux ticket qui scintillait sous les rayons sucrés, une ombre énorme et collante s’abattit sur lui. FLOUF ! Le ticket avait disparu. Devant lui se tenait un Gloubi-Boulga, une créature massive faite de caramel durci, avec des yeux brillants de colère. Le monstre tenait le ticket entre ses doigts poisseux et grognait d’un air menaçant.

Phébus sentit son courage fondre comme un bonbon au soleil. Mais il voulait son ticket ! Alors, rassemblant toute sa bravoure, il flotta jusqu’au monstre.
« Excusez-moi, Monsieur le Gloubi-Boulga, mais ce ticket est à moi. Pourriez-vous me le rendre, s’il vous plaît ? » demanda-t-il d’une petite voix.
Pour toute réponse, le monstre ouvrit une bouche pleine de grumeaux de nougat et lui rota une énorme bulle de caramel au visage. PLOC ! Phébus se retrouva englué, peinant à se décoller. Le monstre, lui, ne bougeait pas, serrant le ticket doré contre son torse.

Un peu découragé mais pas vaincu, Phébus essaya une autre tactique. Un fantôme, ça doit faire peur, non ? Il prit une grande inspiration, gonfla ses joues translucides et tenta de pousser le cri le plus terrifiant de sa non-vie.
« RENDEZ-LE-MOI OU SINON… BOO-HOU-HOU ! »
Hélas, son cri ressembla plus à un sanglot qu’à une menace. Le Gloubi-Boulga le regarda, fronça ses sourcils de sucre d’orge, puis éclata d’un rire grave et gargouillant. Un rire si puissant qu’il fit trembler le sol en guimauve tout autour d’eux. Phébus se sentit tout petit et complètement ridicule.

La colère commença à monter en lui. C’était injuste ! Ce ticket était son seul espoir de ne plus jamais avoir peur du noir ! Fini la politesse, terminée la gentillesse ! Il allait lui montrer ! Phébus fonça tête baissée vers le monstre en hurlant de rage. Mais dans sa précipitation, il ne vit pas la flaque de coulis de fraise juste devant lui. Il glissa, pirouetta dans les airs et atterrit lourdement dans un nuage de sucre en poudre qui servait de décoration à une fleur en gaufrette. POUF ! Le voilà couvert de blanc, ressemblant plus à un beignet raté qu’à un fantôme menaçant. Le Gloubi-Boulga riait de plus belle.

Assis dans le sucre, dépité et furieux, Phébus comprit soudain quelque chose d’essentiel. Sa colère ne l’avait mené nulle part, à part à être encore plus ridicule. Il observa mieux le monstre. Il ne riait plus. Il grognait de nouveau, en essayant de bouger une jambe, sans succès. Le Gloubi-Boulga n’était pas seulement méchant, il était coincé ! Ses pieds étaient complètement collés dans le lit d’une rivière de caramel qui avait durci. C’est pour ça qu’il était si grognon !

Une idée lumineuse traversa l’esprit de Phébus. Il se secoua pour enlever le sucre en poudre, puis en ramassa une grande brassée dans ses bras fantomatiques. Il flotta doucement jusqu’au monstre, qui le regarda d’un air soupçonneux.
« Tu as l’air d’avoir un problème plus gros que le mien, dit gentiment Phébus. Laisse-moi t’aider. »
Et il saupoudra généreusement le sucre en poudre sur les pieds caramélisés du Gloubi-Boulga. Comme par magie, le sucre absorba le collant du caramel. Le monstre bougea un orteil, puis l’autre. Il était libre ! Stupéfait, il regarda le petit fantôme, puis le ticket doré dans sa main. Il comprit que ce bout de papier brillant ne le rendrait jamais aussi heureux que de pouvoir enfin se dégourdir les jambes. D’un geste lent, presque timide, il tendit le ticket à Phébus.

Phébus, son ticket enfin récupéré, fit un grand sourire. Il avait réussi non pas avec la colère, mais avec un peu d’astuce et de gentillesse. Il regarda son ticket, puis la planète Guimauve autour de lui. Finalement, même avec ses nuits noires, c’était un chouette endroit pour vivre. Il décida qu’il garderait le ticket pour une autre aventure, un autre jour. Pour l’instant, il avait juste envie de faire un dernier grand bond sur une colline en guimauve avant que les soleils-sirop ne disparaissent, sa fidèle Lulu brillant joyeusement à ses côtés.