Socquette et les Lunettes à Souvenirs

Il était une fois, dans une grande forêt de brocolis géants, une petite chaussette. Elle s’appelait Socquette. Elle était toute douce, avec de belles rayures jaunes, mais elle n’avait pas de sœur jumelle. Socquette vivait seule sous un petit brocoli-maison. Elle aimait bien ses trésors : un bouton brillant, une plume douce et un caillou tout rond. Mais elle ne les montrait à personne. C’étaient ses trésors, rien qu’à elle.

Un jour, en sautillant, hop, hop, hop, Socquette a trouvé quelque chose sous une feuille de petit pois. C’était une paire de lunettes rigolotes ! Elle les a mises sur son nez de chaussette. Et là… Magie ! Elle a vu un petit ver de terre qui dansait la veille. “Waouh !” s’est dit Socquette. “Ces lunettes voient les souvenirs ! Elles sont à MOI !” Et elle les a serrées très fort.

Socquette voulait voir ce qui s’était passé tout en haut du plus grand des brocolis. Mais elle était trop petite pour y grimper. Hop ! Elle a sauté, mais elle est retombée. Plouf.

Un petit mille-pattes, qui s’appelait Papattounes, est arrivé.
« Bonjour Socquette ! Oh, tes lunettes sont jolies ! Je peux essayer ? »
« Non, non, non ! » a répondu Socquette. « Elles sont à moi, rien qu’à moi ! »

Papattounes est parti, tout triste. Socquette a réessayé de grimper, mais elle a glissé. Floup. Elle était coincée au milieu de la tige. Une coccinelle, Coccibrille, s’est posée près d’elle.
« Oh, tu es coincée ! Dis, je peux regarder dans tes lunettes ? Peut-être que je verrai comment tu es montée ! »
« Non ! » a encore crié Socquette.

Socquette était toute seule et coincée. Elle regardait Papattounes et Coccibrille qui jouaient ensemble, plus bas. Ils riaient. Socquette a senti son petit cœur de chaussette devenir tout petit. Avoir des lunettes magiques toute seule, ce n’était pas si drôle.

Alors, elle a eu une idée. Elle a crié : « Les amis ! Venez ! Vous voulez essayer les lunettes ? »

Papattounes et Coccibrille sont vite montés jusqu’à elle. Socquette a prêté ses lunettes à Papattounes. Le mille-pattes a regardé la tige et a dit : « Oh ! Je vois ! Hier, une goutte de rosée a glissé ici, et ça a fait un chemin tout lisse pour grimper ! »

Grâce à Papattounes, ils ont trouvé le chemin ! Tous les trois, en s’aidant, hop, hop, hop, ils sont arrivés tout en haut du grand brocoli. Le monde était immense et magnifique. Ils ont partagé les lunettes et ont regardé ensemble le soleil se coucher comme la veille, tout rose et orange.

Socquette a compris. Partager ses trésors, c’était encore plus magique que les lunettes. En redescendant, elle a prêté son bouton brillant à Coccibrille et a fait rouler son caillou rond avec Papattounes.

Ce soir-là, en rentrant dans son brocoli-maison, Socquette n’était plus une chaussette toute seule. Elle était une chaussette avec des amis. Et c’était beaucoup, beaucoup plus amusant.