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Féerie était une petite poupée de bois, si ancienne que personne ne se souvenait de qui l’avait fabriquée. Mais cela n’avait aucune importance, car Féerie portait en elle un trésor plus précieux que l’or : un bonheur inébranlable. Son sourire peint ne s’effaçait jamais, et ses yeux de verre brillaient toujours d’une joie pétillante.
Ce soir-là, Féerie se trouvait à son endroit préféré au monde : la grande patinoire du village. Elle n’avait pas de patins, mais elle glissait sur le ventre, poussée par les enfants rieurs, tourbillonnant comme une toupie colorée sur la glace scintillante. Chaque pirouette la rendait plus heureuse encore. Elle adorait le son cristallin des lames, les éclats de rire qui montaient vers les étoiles et les écharpes multicolores qui flottaient dans l’air froid.
Soudain, au milieu d’une glissade particulièrement joyeuse, elle aperçut quelque chose dans un recoin ombragé, loin des lumières festives. C’était une petite boule de lumière tremblotante. Curieuse, Féerie dévia sa course et glissa doucement jusqu’à elle. En s’approchant, elle découvrit une créature merveilleuse : un minuscule ourson polaire, non pas fait de fourrure, mais tissé de pure lumière d’étoile. Il était translucide et scintillait faiblement, mais de grosses larmes de givre perlaient à ses yeux.
« Oh, mais pourquoi es-tu si triste, petite merveille ? » demanda Féerie, sa voix douce comme un tintement de clochette.
L’ourson renifla, et sa lumière vacilla un peu plus. « Je suis tombé », murmura-t-il. « Je suis Flocon d’Étoile, et ma maison, c’est la constellation de la Petite Ourse, tout là-haut. Je jouais à cache-cache avec les comètes et j’ai glissé. Maintenant, je ne sais plus comment remonter. La magie qui m’a fait tomber ne semble plus vouloir me ramener. Je crois… je crois que je n’y crois plus. »
Le cœur en bois de Féerie se serra. Ne plus croire en la magie ? C’était la chose la plus triste qu’elle ait jamais entendue. Pour une poupée dont le bonheur était la raison d’être, c’était intolérable.
« Ne dis pas ça ! » s’exclama-t-elle avec une conviction éclatante. « La magie est partout, il faut juste savoir où regarder ! Attends un peu. »
Féerie fouilla dans la petite besace en velours bleu qu’elle portait toujours en bandoulière. Ce n’était pas un sac ordinaire. C’était son Sac à Histoires.
« Mon sac va nous aider », affirma-t-elle. Elle le posa sur la glace, défit le cordon doré et murmura : « Grand Sac, mon ami, raconte-nous une histoire. Une histoire pour quelqu’un qui a perdu son chemin et qui a besoin de se souvenir que la magie existe. »
Le sac s’illumina de l’intérieur. Il ne sortit aucun livre, mais un doux murmure, comme un vent d’hiver chantant. Puis, de l’ouverture du sac, jaillit une poussière d’or qui se mit à danser sur la patinoire. La poussière dessina dans l’air l’image d’un tout petit oiseau, fait de notes de musique, qui avait perdu sa mélodie. L’histoire n’était pas racontée avec des mots, mais avec des images de lumière, des sons harmonieux et des parfums de cannelle et de pin.
Flocon d’Étoile regardait, émerveillé. L’histoire montrait le petit oiseau qui rencontrait des lucioles. En croyant très fort à leur lumière, il retrouva sa propre chanson, une mélodie si puissante qu’elle créa un escalier de notes solides jusqu’à son nid.
À la fin de l’histoire, la magie ne s’estompa pas. L’escalier de notes de musique resta suspendu dans l’air, mais il s’était transformé en un chemin de clair de lune, un ruban argenté qui montait de la patinoire et serpentait directement vers la Petite Ourse qui brillait dans le ciel.
Flocon d’Étoile se releva d’un bond. Ses larmes de givre avaient disparu, et son corps d’étoile scintillait maintenant d’un éclat éblouissant. Il était encore plus brillant qu’avant !
« J’y crois ! » cria-t-il, sa petite voix pleine d’une joie retrouvée. « L’histoire… la magie… c’est vrai ! »
Il fit un câlin rapide à la petite poupée de bois. « Merci, Féerie ! Merci de m’avoir rappelé de croire ! »
Puis, avec l’agilité d’un jeune faon, il se mit à grimper sur le chemin de lune. Il montait, montait, une petite étincelle dansant vers le ciel, jusqu’à n’être plus qu’un point lumineux. Arrivé en haut, il cligna une dernière fois, comme un clin d’œil brillant, avant de reprendre sa place dans sa constellation.
Féerie resta assise sur la glace, son sourire peint plus large que jamais. Elle avait partagé son bonheur et rallumé une étoile. La patinoire lui sembla encore plus magique, et tandis qu’un enfant la relançait dans une nouvelle glissade folle, elle se dit que croire en la magie était la plus belle et la plus joyeuse des pirouettes.

