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Hugo était une petite théière en porcelaine, ronde comme une pomme et brillante comme un sou neuf. Mais Hugo avait un secret : il avait une peur bleue du noir. Dès que le soleil se couchait, son couvercle se mettait à cliqueter et son anse tremblait comme une feuille.

Un matin, une brume épaisse et laiteuse s’était levée sur la forêt des Brocolis Géants. Les arbres, avec leurs troncs noueux et leurs énormes têtes vertes, ressemblaient à des géants endormis. C’était le jour parfait pour une grande aventure ! Hugo tenait précieusement entre son anse et son bec une vieille carte au trésor. Ce n’était pas n’importe quelle carte : elle changeait de couleur selon son humeur. Ce matin-là, pleine de courage, la carte d’Hugo était d’un jaune soleil éclatant.

« D’après la légende, le trésor de la Clairière Scintillante peut chasser toutes les peurs ! » se dit-il en sautillant sur sa base.

Il s’enfonça dans la forêt. Plus il avançait, plus les têtes des brocolis géants cachaient le ciel. La brume s’épaississait et la lumière diminuait. La carte au trésor, sentant l’inquiétude de son propriétaire, passa du jaune soleil à un vert un peu anxieux.

Soudain, le sentier plongea sous les racines d’un brocoli si énorme qu’il faisait nuit comme dans un four. Le bec d’Hugo se mit à trembloter. La carte vira instantanément au gris paniqué. Aveuglé par la peur et l’obscurité, il se mit à sautiller plus vite, sans regarder où il allait.

BAM !

Il percuta quelque chose de minuscule.

« Aïe ! » cria une toute petite voix.

« Non mais ça va pas ? » gronda Hugo, le couvercle vibrant de frousse et de colère. « Fais attention, espèce de petit caillou mal poli ! »

Une lumière minuscule et clignotante s’alluma juste devant son bec. C’était une luciole, qui se frottait une aile.
« Un caillou, moi ? » dit-elle, très vexée. « Je suis Lucie la luciole, et c’est TOI qui ne regardes pas où tu sautille, grosse théière aveugle ! »

Hugo, honteux, sentit sa porcelaine chauffer. Il avait été méchant parce qu’il avait eu peur. Sa carte au trésor devint d’une couleur violette, celle du regret.

« Je… je suis désolé, Lucie, » murmura-t-il, son anse tombant un peu sur le côté. « C’est juste que… j’ai terriblement peur du noir. Quand je ne vois rien, je dis n’importe quoi. »

Lucie arrêta de bouder. Elle regarda la théière tremblante et sa carte toute violette.
« Peur du noir ? » répéta-t-elle. « Mais c’est mon moment préféré de la journée ! C’est là que je brille le plus fort. »

Elle vit la carte qu’Hugo tenait toujours. « Tu cherches un trésor ? »
« Oui, la Clairière Scintillante. Pour ne plus jamais avoir peur », expliqua Hugo.
« Je connais cet endroit ! Mais tu n’y arriveras jamais tout seul dans le noir, » dit Lucie avec un petit sourire malicieux. « On dirait que tu as besoin d’une lumière de poche. Et moi, je m’ennuie un peu. »

Hugo comprit. « Et toi, tu as peut-être besoin d’une carte magique pour te guider ? »
La carte, sentant l’espoir naître, se teinta d’un joli bleu ciel.

Et c’est ainsi que l’équipe la plus étrange de la forêt se forma. Lucie volait juste devant le bec d’Hugo, illuminant le chemin de sa lueur douce et rassurante. Quand Hugo se sentait un peu nerveux, Lucie faisait clignoter sa lumière pour le faire rire. La carte, elle, était devenue d’un vert émeraude, la couleur de l’aventure à deux.

Ils arrivèrent enfin devant une grotte sombre. « C’est là, » chuchota Lucie.
Hugo hésita. C’était encore plus noir que tout ce qu’il avait vu.
« N’aie pas peur, » lui dit Lucie en se posant sur son couvercle. « Je suis avec toi. On y va ensemble. »

Hugo prit une grande inspiration et, pour la première fois, il avança dans le noir sans trembler. À l’intérieur, ce n’était pas un coffre rempli d’or qui les attendait. Le trésor, c’était la famille de Lucie ! Des milliers de lucioles qui, en les voyant arriver, s’allumèrent toutes en même temps, transformant la grotte en un ciel étoilé magique et dansant.

C’était le plus beau spectacle qu’Hugo ait jamais vu. Il était entouré de lumière, une lumière vivante et joyeuse. Sa peur du noir avait complètement disparu, remplacée par l’émerveillement. Sa carte au trésor se mit à briller d’une couleur qu’il n’avait jamais vue : un or rose, scintillant de bonheur pur.

Hugo comprit que le vrai trésor n’était pas un objet magique, mais l’ami qu’il avait trouvé. Il n’avait plus besoin de chercher une lumière pour chasser sa peur, car il savait maintenant que la plus belle des lumières, c’était celle de l’amitié. Et parfois, il suffit de savoir dire pardon pour la faire briller.