Lucas le bonhomme de neige qui trouva la plus chaude des amitiés

Lucas n’était pas un bonhomme de neige comme les autres. Ses yeux étaient deux cailloux lisses et sombres, toujours grands ouverts sur le monde. Son nez était une petite branche tordue, mais surtout, son cœur de neige était rempli d’une immense curiosité. À peine les enfants de la forêt l’eurent-ils terminé qu’une grande tempête se leva, un tourbillon de flocons étincelants qui dansaient et chantaient dans le vent.

Alors que n’importe quel autre bonhomme de neige serait resté bien sage à sa place, Lucas, lui, se posait mille questions. « Qu’y a-t-il derrière ce grand sapin qui frissonne ? Quelle est cette lumière qui clignote au loin ? » se demandait-il. Poussé par son insatiable curiosité, il se mit à rouler doucement, s’enfonçant dans la forêt enchantée où les arbres portaient des manteaux de sucre glace.

Le vent soufflait si fort qu’il formait des congères scintillantes. C’est en escaladant l’une d’elles que Lucas remarqua quelque chose d’extraordinaire. Posée au sommet, une boule de neige brillait d’une lueur douce et bleutée, comme si un morceau de ciel étoilé y était tombé. Curieux, Lucas la ramassa délicatement avec ses bras de bois. Aussitôt, une petite voix magique murmura dans son esprit : « Formule un vœu, un seul, et il se réalisera. » Lucas serra son trésor contre lui. Un vœu ! Il pourrait souhaiter un vrai nez en carotte, ou peut-être un chapeau haut-de-forme couvert de givre !

C’est alors qu’un son minuscule, plus fragile qu’un flocon, parvint à ses oreilles de neige. C’était un petit gémissement. Poussé par une nouvelle vague de curiosité, Lucas suivit le bruit et découvrit, blotti sous la racine d’un vieux chêne, une créature minuscule. Elle ressemblait à une petite flamme dansante, avec de grands yeux dorés, mais sa lumière vacillait terriblement, presque prête à s’éteindre.

« Qui… qui es-tu ? » demanda doucement Lucas.
« Je… je m’appelle Flambeau, » frissonna la petite créature. « Je suis un esprit du feu. Je me suis perdu et… et ce froid… il éteint ma flamme. »

Le cœur de neige de Lucas se serra. Il regarda le petit être grelottant, si petit et si fragile. Puis il regarda la boule de neige magique dans sa main. Il pensa à son nez en carotte, si croquant et si orange. Mais en voyant la petite flamme de Flambeau presque disparaître, son vœu lui parut soudain bien égoïste. Sa curiosité pour ce nouvel ami était bien plus forte que son envie d’un nouveau nez.

Prenant sa décision, Lucas leva la boule de neige scintillante et déclara d’une voix claire, qui se mêla au chant du vent : « Je souhaite de tout mon cœur un abri pour mon ami Flambeau ! Une petite maison toujours chaude, une lanterne magique où sa flamme ne s’éteindra jamais ! »

La boule de neige s’éleva dans les airs, tourbillonna en une cascade d’étincelles dorées et se transforma en une magnifique petite lanterne de cristal. Elle se posa doucement sur la neige. Une petite porte s’ouvrit et une douce chaleur en émana.

Flambeau, rassemblant ses dernières forces, voleta à l’intérieur. Aussitôt, sa flamme grandit, devint vive, joyeuse et puissante ! Il dansa à l’intérieur de la lanterne, projetant des reflets d’or sur la neige. La chaleur de la lanterne était magique : elle réchauffait Flambeau sans faire fondre le moindre flocon de Lucas.

« Merci ! Merci, mon ami ! » cria joyeusement la petite voix de Flambeau depuis sa nouvelle maison.

Lucas sourit, un sourire si large que ses joues de neige en pétillèrent. Il n’avait pas eu de nez en carotte, mais il sentait une chaleur étrange et merveilleuse se répandre dans sa poitrine. Une chaleur bien plus agréable que celle d’un feu de cheminée. C’était la chaleur de l’amitié.

Avec précaution, Lucas attrapa l’anse de la lanterne. Désormais, il n’était plus seul. Ensemble, le bonhomme de neige curieux et l’esprit du feu courageux continuèrent leur chemin, éclairant la forêt enchantée de la lumière éclatante de leur nouvelle amitié. Et même au cœur de la plus grande des tempêtes, ils n’eurent plus jamais froid.