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La grande patinoire du Pôle Nord scintillait comme un miroir sous des milliers de guirlandes lumineuses. Les lutins, les fées et même quelques jeunes rennes y glissaient en riant. Tous, sauf un. Lucas, un jeune lutin aux oreilles pointues et au bonnet un peu trop grand, patinait à tout petits pas, l’air complètement catastrophé.

Et pour cause ! Lucas avait perdu le plus important des parchemins : la liste officielle des jouets à réparer avant la grande nuit de Noël ! Sans elle, comment savoir si le tambour du petit Léo avait besoin d’une nouvelle peau ou si la poupée de Chloé nécessitait un nouveau ruban ? Il avait cherché partout : dans ses poches, sous son lit, et même dans la soupière du petit-déjeuner. Rien.

« C’est une catastrophe… » murmura-t-il en essayant une figure compliquée pour se changer les idées. Malheureusement, la maladresse de Lucas était légendaire. Ses pieds s’emmêlèrent et… Patatras ! Le voilà étalé de tout son long sur la glace froide, son bonnet rouge lui tombant sur les yeux.

En se relevant, tout grognon, il sentit quelque chose de dur sous son gant. Ce n’était pas un simple morceau de glace. Il écarta la neige poudreuse et découvrit une chose minuscule et merveilleuse : un petit avion en bois peint en bleu ciel, avec une hélice dorée. Il était si petit qu’il tenait dans le creux de sa main.

Alors que Lucas l’observait, l’avion trembla et une toute petite voix, comme un vrombissement cristallin, s’en échappa.
« Brrr… J-j’ai si froid… Mon hélice est gelée. »

Lucas, oubliant sa propre panique, fut tout étonné. Un jouet qui parle ! En tant que lutin-réparateur (même un lutin qui a perdu sa liste), il se sentit tout de suite concerné. Il serra délicatement le petit avion dans ses mains et souffla dessus un air chaud et doux.
Pffffouuu…
La fine couche de givre sur l’hélice dorée fondit instantanément.

« Oh, merci ! » fit la petite voix, un peu plus joyeuse. « Je m’appelle Tourbillon. Je me suis perdu. »
« Moi c’est Lucas, » répondit le lutin. « Je suis un peu perdu aussi… »

Tourbillon fit frétiller ses petites ailes. « Mon plus grand rêve, » confia-t-il, « c’est de voler tout en haut du grand sapin, là-bas, et de toucher la grande étoile brillante qui est à sa cime. Mais je suis trop petit, et je n’ai jamais vraiment réussi à décoller tout seul. »

Lucas regarda l’immense sapin qui trônait au centre de la patinoire. Son sommet semblait toucher les nuages de sucre glace du ciel polaire. Pour un si petit avion, c’était une montagne à gravir. Mais en voyant la petite lueur de tristesse dans les phares de Tourbillon, Lucas sentit son cœur de lutin se gonfler de courage.

« Les petits peuvent faire de grandes choses, » lui dit-il, répétant une phrase que son grand-père lui disait toujours. « Je suis peut-être maladroit, mais je suis un excellent lanceur ! Fais-moi confiance ! »

Lucas chaussa bien ses patins. Il tint Tourbillon délicatement, le nez pointé vers le ciel. Il prit une grande inspiration, plia les genoux, et avec un geste souple et puissant, il lança le petit avion vers le sommet du sapin.

Au début, Tourbillon vacilla. Mais soudain, son hélice dorée se mit à tourner à toute vitesse dans un joyeux vrombissement. Bzzzzzz ! Une traînée d’étincelles magiques jaillit derrière lui ! L’avion n’était pas un simple jouet, c’était un jouet magique !

Il monta, monta, dans une spirale de lumière bleue et or. Tous les patineurs s’arrêtèrent, bouche bée, pour admirer le spectacle. Tourbillon dépassa les boules rouges, les sucres d’orge géants, les guirlandes chantantes, et enfin, il arriva au sommet. Avec un petit looping joyeux, il frôla la grande étoile scintillante, qui brilla encore plus fort à son contact.

Mission accomplie !

Tourbillon redescendit en planant doucement et vint se poser sur le bonnet de Lucas, vibrant de bonheur. « On a réussi ! On a réussi ! »

Lucas riait aux éclats, si fier de son nouvel ami. C’est alors que la lumière de l’étoile, rendue plus vive par la magie de Tourbillon, éclaira une branche juste en dessous d’elle. Et sur cette branche, coincé entre deux pommes de pin argentées… un morceau de parchemin enroulé !

« Ma liste ! » s’écria Lucas.

Avec une pirouette agile, Tourbillon vola jusqu’à la branche, attrapa le parchemin avec son train d’atterrissage et le rapporta à Lucas.

Le cœur battant de joie, Lucas serra son ami l’avion contre sa joue. Non seulement il avait aidé un tout petit jouet à réaliser son grand rêve, mais en plus, il avait retrouvé sa précieuse liste.

Ce soir-là, Lucas ne patinait plus comme un lutin maladroit. Il glissait sur la glace avec assurance, Tourbillon fièrement posé sur son épaule, sa liste bien en sécurité dans sa poche. Il avait appris une leçon importante : même si on se sent petit et qu’on a perdu son chemin, on peut toujours accomplir de merveilleuses choses, surtout quand on aide un ami.