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Dans la cuisine la plus joyeuse du monde, celle du Père Noël, vivait une théière nommée Noisette. Noisette n’était pas une théière ordinaire. Oh non ! Elle était incroyablement costaud, faite d’un alliage de cuivre et de courage si robuste qu’elle servait parfois aux lutins pour débloquer des pots de confiture récalcitrants.
Ce matin-là, alors que l’air sentait le pain d’épice chaud et la cannelle, une chose extraordinaire se produisit. Un vieux livre de contes, posé sur la table, se mit à trembler. Une page jaunie s’en échappa et se déplia dans les airs. Ce n’était pas une page, mais une carte au trésor ! Et cette carte… elle volait !
« Zou ! Vroum ! Par ici l’aventure ! » semblait-elle chuchoter en zigzaguant entre les tasses et les bols de sucre.
Les bonshommes en pain d’épice se cachèrent derrière un sac de farine.
« Au secours ! Un fantôme de papier ! » cria l’un d’eux.
Mais Noisette, solide comme un roc, ne bougea pas. Elle attendit que la carte passe à sa portée et, d’un mouvement vif de son couvercle, ZLAC !, elle la coinça. La carte se débattit un peu, puis se calma, pointant son dessin vers une porte sombre au fond de la cuisine.
« C-c-c’est la cave ! » bégaya un petit biscuit étoilé. « La Grande Réserve de Sucre d’Orge ! On dit qu’une bête grognon y vit ! »
Tous les autres jouets et sucreries reculèrent, effrayés. Mais Noisette regarda la porte, puis la carte frétillante. Une aventure ! Pour elle !
« Une bête grognon ? Allons, ne soyons pas des biscuits mous ! » lança-t-elle avec sa voix de métal tintinnabulant. « Je vais voir ce qu’il en est. »
Pleine de bravoure, Noisette roula sur ses petites pattes jusqu’à la porte. Elle était lourde et coincée. C’était un travail pour une théière costaud ! Noisette prit une grande inspiration, cala sa anse contre le bois et poussa de toutes ses forces. KRRRAAAAC ! La porte s’ouvrit dans un grincement qui fit frissonner les sucettes.
L’escalier descendait dans le noir. Noisette n’hésita qu’une seconde. Elle laissa la carte volante la guider, telle une petite lanterne magique. En bas, il faisait froid et une drôle d’odeur de poussière et de menthe poivrée flottait dans l’air.
Soudain, elle entendit un bruit.
GRONCH… GRONCH… GRONCH…
C’était un son grave et un peu triste. Noisette sentit son bec trembler, mais elle se rappela qu’elle était la théière la plus solide du Pôle Nord. Elle avança doucement.
Derrière une montagne de boîtes de sucre d’orge, une énorme silhouette sombre était recroquevillée. Elle était couverte de ce qui ressemblait à une fourrure hirsute et tenait quelque chose dans ses grosses pattes. C’est elle qui faisait ce bruit en mâchonnant.
Noisette s’approcha encore.
« Bonjour ? » dit-elle, sa petite voix résonnant dans le silence.
La créature sursauta et se retourna. Elle avait de grands yeux tristes et une bouche pleine… de vieilles guirlandes de Noël défraîchies ! Ce n’était pas un monstre féroce, mais une sorte de gros animal timide, doux et poussiéreux.
« Oh ! Pardon, je ne voulais pas vous faire peur, » reprit Noisette. « Vous mangez des guirlandes ? Ça ne doit pas être très bon. »
La créature baissa la tête, l’air tout penaud.
« C’est tout ce qu’il y a ici, » marmonna-t-elle d’une voix rauque. « Je m’appelle Grumble. Je n’aime pas faire peur aux gens, alors je reste ici. Mais je me sens un peu seul. »
Noisette comprit tout. Grumble n’était pas méchant, il était juste seul et affamé de compagnie (et de quelque chose de meilleur que des guirlandes). La peur de Noisette s’envola comme de la vapeur d’eau.
« Attendez-là ! » s’exclama la théière.
Elle fit demi-tour, remonta l’escalier à toute vitesse, se remplit d’eau chaude et demanda au cuisinier lutin d’y ajouter ses meilleures épices de Noël : cannelle, orange et une pincée de joie.
Elle retourna dans la cave, fumante et parfumée. « Tenez, goûtez ça ! C’est bien meilleur que le clinquant. »
Grumble approcha son museau timidement, renifla l’arôme délicieux, et lapa une petite goutte. Ses grands yeux s’illuminèrent ! C’était chaud, c’était doux, c’était réconfortant.
« C’est… c’est merveilleux ! » dit-il, sa voix déjà moins grognon.
Noisette lui servit une tasse entière (en utilisant un vieux dé à coudre de géant qui traînait là). Ils passèrent un long moment à discuter. Grumble était en fait très gentil et connaissait plein d’histoires sur les anciennes décorations de Noël. La carte au trésor se posa doucement sur la tête de Grumble, comme une couronne. Le trésor, ce n’était pas de l’or, c’était un ami !
Finalement, Noisette dit : « Venez avec moi là-haut. Personne n’aura peur de vous s’ils vous connaissent. »
Hésitant, Grumble suivit la petite théière costaud. Quand il apparut dans la cuisine, les pains d’épice crièrent… puis ils virent le sourire timide de Grumble et Noisette à ses côtés. Le Père Noël en personne arriva, attiré par le bruit.
« Grumble ! Te voilà enfin sorti ! » dit le Père Noël avec un grand sourire. « Je me demandais quand tu trouverais le courage de te faire un ami. »
Ce jour-là, la fête fut encore plus belle. Grumble aida à décorer le grand sapin (en promettant de ne plus grignoter les guirlandes) et Noisette fut célébrée comme une héroïne. Elle avait prouvé qu’en étant courageux, on ne vainc pas seulement sa propre peur, mais on peut aussi découvrir qu’il y a toujours quelque chose de bon, même dans la créature la plus grognon.

