🎧 Écouter l'histoire :
S'abonner aux histoires pour Enfants :
La nuit avait drapé l’atelier des jouets de son plus beau manteau de velours bleu. Dehors, les étoiles scintillaient comme des diamants jetés sur un tapis infini. À l’intérieur, tous les jouets dormaient, sauf un.
Rudolph, un vieil ours en peluche au poil un peu usé, avait les yeux grands ouverts. Son nez de fil noir frétillait et son ventre, rempli de coton doux, gargouillait bruyamment. Rudolph était un ours terriblement, merveilleusement, absolument gourmand. Il ne rêvait pas de câlins ou d’aventures, mais de montagnes de biscuits au gingembre et de rivières de chocolat chaud.
Ce soir-là, son regard était fixé sur l’étagère la plus haute de l’atelier, là où le Père Noël gardait une boîte de sucres d’orge aux rayures rouges et blanches. C’était une torture !
En soupirant, Rudolph se laissa glisser de son fauteuil. C’est alors qu’il remarqua quelque chose de nouveau. Posée sur une caisse en bois, une petite écharpe tricotée brillait doucement sous le clair de lune. Elle avait toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Curieux, Rudolph s’approcha. L’écharpe était si douce ! Sans réfléchir, il la noua autour de son cou de peluche.
« Oh, comme elle est chaude ! » pensa-t-il. Puis, son ventre gargouilla de nouveau. « Si seulement je pouvais atteindre ces sucres d’orge… »
À l’instant même où il eut cette pensée, Rudolph sentit un drôle de picotement. Ses pattes en feutrine quittèrent le sol ! D’abord d’un centimètre, puis de dix ! Il flottait dans les airs ! L’écharpe ! C’était elle ! Elle le faisait voler !
Un large sourire fendit son visage de peluche. Il vola, un peu maladroitement au début, puis avec plus d’assurance, jusqu’à l’étagère tant convoitée. Il attrapa un sucre d’orge, puis deux, puis trois, et se cacha derrière une pile de cubes en bois pour dévorer son trésor. Le bonheur !
Alors qu’il croquait son butin, un petit bruit, comme un sanglot cristallin, attira son attention. Il vola prudemment jusqu’à la grande fenêtre de l’atelier. Là, sur le rebord extérieur, se tenait une minuscule créature lumineuse. C’était une petite étoile, pas plus grande que sa patte, et sa lumière vacillait tristement.
« Que t’arrive-t-il ? » demanda Rudolph, la bouche encore pleine de sucre.
La petite étoile renifla. « Je… je suis tombée, » murmura-t-elle. « Je jouais à saute-nuage avec mes sœurs et j’ai glissé. Maintenant, je n’ai plus assez de force pour remonter dans le ciel. Si je reste ici, ma lumière va s’éteindre pour toujours. »
Rudolph regarda la petite étoile tremblante, puis l’écharpe magique autour de son cou. Avec elle, il pourrait avoir tous les bonbons de l’atelier ! Les sucres d’orge, les chocolats sur la cheminée, et même les guimauves cachées dans le tiroir du grand bureau !
Mais en voyant une larme de lumière rouler sur la joue de l’étoile, son cœur de coton se serra. À quoi bon avoir le ventre plein si tout autour de lui était triste et sombre ?
Lentement, Rudolph défit le nœud de sa magnifique écharpe. Il la tendit à la petite créature.
« Prends-la, » dit-il doucement. « Elle t’aidera à remonter. »
L’étoile ouvrit de grands yeux brillants. « Mais… et tes sucres d’orge ? »
Rudolph secoua la tête. « Il y a des choses plus importantes. »
Avec une infinie précaution, il enroula l’écharpe colorée autour de la petite étoile. Aussitôt, celle-ci se mit à briller d’un éclat puissant et joyeux ! Elle s’éleva dans les airs, tourbillonnant de gratitude.
« Merci, Rudolph ! Merci ! » cria-t-elle avant de s’élancer vers le firmament.
Rudolph la regarda rejoindre sa famille scintillante. Il n’avait plus son écharpe volante, et son ventre était à nouveau vide. Mais à la place, il sentait une chaleur douce et merveilleuse dans sa poitrine, une chaleur plus réconfortante que mille chocolats chauds.
Alors qu’il souriait, une poussière dorée descendit de la fenêtre et se posa sur son nez. Elle sentait le sucre vanillé et la joie. Rudolph comprit. La générosité qu’il avait offerte lui était revenue, non pas dans son ventre, mais directement dans son cœur. Et ce sentiment, réalisa-t-il, était de loin la plus délicieuse des friandises.

